Comme
tout l'arbre en puissance est dans la semence, l'unité de l'être humain est en chacun à
l'état de germe. L'homme a perdu, au cours des âges, jusqu'au souvenir de cet état
existant dans le passé et antérieure aux divisions. Dans la quatrième période
postatlantéenne qui s'acheva au XVème siècle après J-C, il n'était pas nécessaire
aux humains de se servir personnellement de l'intelligence. De par les perceptions du
monde ambiant et les rapports entre la vie et le monde, tout ce qui était intellectuel
(les concepts, les idées,...) se répandait en eux par la perception, tels la couleur et
les sons pénètrent dans l'homme. Depuis pour l'homme, comme chacun peut aujourd'hui le
constater, ce qui est intellectuel ne peut plus être le résultat d'une perception. Il ne
peut plus percevoir les concepts en même temps que les perceptions. Il doit les
élaborer, se les forger à partir de sa personnalité.
Nous
sommes, depuis cinq siècles, dans la cinquième époque postatlantéenne. Avec son penser
facile, l'être humain n'aime guère distinguer les choses en pleine conscience. Il
oscille entre les pulsions, les instincts sociaux (dont l'une des formes est le
conformisme) et les instincts antisociaux (dont l'une des formes est la contestation).
Pourtant, si l'individu, en partant de ce qu'il vit en tant qu'être humain, cesse de se
laisser abuser, de s'illusionner aux symptômes extérieurs et recherche ce qui est
intérieur en regardant le fondement des choses, il constatera la différenciation.
Pas
celle qui fait croire aux européens, par exemple, que tous les asiatiques sont
identiques, bien qu'ils soient aussi différents les uns des autres que les européens
entre-eux; ou celle de la science qui ne différencie pas les diverses époques, les
pensant toutes semblables. Ou celle de quelques-uns qui expriment leur pensées, non par
ce que les choses sont vraies, mais pour justifier leur comportement, leur invectives,
leur angoisse et leur haine. Non pas cette fausse différenciation, mais la
différenciation fondamentale: celle que tout être est, est différencié en lui-même.
Le
foyer de la conscience d'éveil
C'est
individuellement que l'homme est en mesure, après avoir pleinement perçu cette
différenciation et ses implications spirituelles, de s'élever au-dessus des
différenciations. Lorsqu'il considère les choses autrement qu'à son habitude.
Aussi, lorsque l'individu sent s'éveiller en lui le foyer de sa conscience personnelle,
lorsqu'il s'interroge et cherche sa place - que les partis pris de la civilisation (des
sociétés, des groupements, des idéologies, des croyances, des institutions,...) et les
cloisonnements qu'elle a institués lui ont fait perdre- il prend conscience que le seul
point de départ valable de tout progrès et toute acquisition est en lui.
Son
équilibre extérieur ne pouvant se réaliser que par son équilibre intérieur, alors un
univers vaste s'ouvre devant lui. La science spirituelle anthroposophique s'attache à
démontrer que la constitution de l'homme est une unité comme celle de l'univers. Nature
humaine unicitaire, et complexe cependant, reflet de celle de l'univers qui rassemble en
elle plusieurs mondes. Ainsi l'organisme suprasensible de l'être humain commence à
partir des forces de vie qui donnent à la matière de son corps sa forme et son
organisation (pour autant que ces forces l'informent et le maintiennent). C'est la
"nature éthérique" de l'être qui subit l'emprise des forces
"astrales". Et qui le travaillent comme conducteur de la vie et de la
conscience. Ces forces astrales font donc de la chair un instrument de l'âme et la
mettent au contact des sphères dont elles sont l'émanation: les astres. Un principe
supérieur, le "moi", apparaît. On peut parler alors d'un principe interne
d'unité.
La
structure tri-parties du Cosmos et du vivant
Pour
Steiner, l'homme (comme l'univers) révèle que la manifestation de l'esprit dans la
matière confère à cette dernière une structure ternaire: corps, âme, esprit. Si l'on
ne tient pas compte de cette structure fondamentale, on ne construit rien qui soit
équilibré. En général et dans sa vie en particulier. La structure tripartie, que
l'anthroposophie met en lumière, est la possibilité pour chacun de réaliser sa liberté
sur les plans spirituel, psychique et corporel.
D'aucun
pourrait percevoir dans la pensée de Steiner une sorte de fusion ou de passerelle entre
Freud et Marx. Mais il va bien plus loin, bien au-delà. Pour le fondateur de
l'Anthroposophie, l'équilibre intérieur de l'être réside en un "point
central" de lui même. Là, toutes les forces de son être, toutes les formes de son
activité peuvent communiquer entre elles et il se sent responsable d'elles toutes.
L'anthroposophie s'articule donc entre le renforcement de la conscience centrale et la
prise de conscience de l'interdépendance de tous les éléments qui viennent confluer en
l'être.
Cette
conception trouve depuis plusieurs années, parallèlement aux cheminements spirituels
individuels, des applications concrètes dans le domaine de la médecine et de
l'éducation. Il s'agit de se saisir soi-même dans ses oppositions et son activité
compensatrice afin de se connaître et de se diriger avec cohérence dans son corps, son
âme et son esprit. L'unité de l'individu se refait lorsque celui-ci recherche la sagesse
au moyen d'une connaissance clairvoyante et précise du corps éthérique; lorsqu'il se
sent intégré dans le Cosmos, dont il découvre en lui l'harmonie par la compréhension
claire de l'entité humaine astrale; lorsqu'il communie, par la vision précise du Moi
humain véritable, avec un monde divin éternel dont il vient et où il retourne. Israel
Gilbran
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